Episode 64 : Premières fois

Ma journée et ma soirée n’ont pas été des plus palpitantes et si événement il y a eu, ce ne peut être que ma venue chez le coiffeur.

Je vais toujours chez F P : c’est pas trop cher et c’est sans rendez-vous, ce qui est très pratique pour un garçon indiscipliné comme moi.
Je ne sais pas pour vous, mais mes derniers mois de fumeurs ont été marqués par un certain nombre de situations embarrassantes. Aller me faire couper les tifs chez le coiffeur en faisait partie.

Pourquoi ? Non pas parce que la clope rendait mes cheveux gras et luisants, ni qu’elle décomposait mon cuir chevelu en milliers de pellicules disgracieuses mais parce qu’elle me faisait puer.

Sur la fin de ma vie de fumeur, j’avais toujours super honte et culpabilisais un max de puer la clope. Aujourd’hui a été ma première fois chez le coiffeur sans puer.

J’aime assez compter ces premières fois depuis que je suis non-fumeur.

Il y a eu la première fois en boîte (pas concluante), la première fois à un dîner, la première fois où l’on a voulu me taxer une clope, la première fois après s’être envoyé en l’air, la première fois au bureau, la première fois devant Maman Thar, etc…

Il me reste à vivre la première fois en train, la première fois chez le médecin, la première fois chez le dentiste, la première fois à la plage, la première fois à l’étranger, la première fois après un ciné, la première fois chez Papa Thar, etc…

Je pense que je n’ai pas fini de les compter ces premières fois…

C’est curieux parce qu’après plus d’un mois et demi d’arrêt, je m’aperçois que je pense toujours à la clope. Evidemment moins qu’au début mais quand même, plusieurs fois par jour j’ai mon lot de pensées clopesques.
Ça me rappelle ma dernière grande histoire d’A, lorsque je me suis fait largué comme un malpropre. Pendant les 3 premières semaines, je crois qu’il ne s’est pas passé une minute sans que je ne pense à mon ex. Puis le mois d’après, j’y pensais un peu moins mais il m’était encore présent à l’esprit tous les jours. Et ainsi de suite.
Je crois qu’il a fallu attendre 6 mois avant que je me fasse un jour la réflexion : « Tiens hier, je n’ai pas pensé à lui ! ».
Ça a beau faire 3 ans que cette histoire est terminée, ben je trouve moyen d’y penser encore de temps en temps.

Encore une fois, force m’est de constater à quel point notre relation à la clope est similaire à une histoire d’A.

PS : A l’heure où j’écris ces quelques lignes, j’entends Maman Thar qui ronfle comme un sonneur : c’est d’un romantisme… Elle arrive même à couvrir le bruit de la fête que font des gens dans l’immeuble voisin. C’est dire !
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